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La Revue des Praticiens en Hypnose et Sexologie, dirigée par Joëlle Mignot

Santé mentale des femmes et sexualité : violences sexuelles



Par Florence Thibaut

« La violation des Droits de l’homme la plus honteuse se caractérise sans doute par la violence à l’égard des femmes. Elle ne connaît pas de clivages géographiques, culturels ou sociaux. Tant que des actes violents continueront d’être perpétrés, nous ne pourrons prétendre à des progrès pour atteindre l’égalité, le développement et la paix. » Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies 


Introduction

La violence à l’égard des femmes revêt différentes formes : la violence domestique ; le viol ; le trafic de femmes et de fillettes, la prostitution forcée ; la violence en situation de guerre, dont le viol ; l’esclavage sexuel, les mariages et les grossesses forcés ; la sélection prénatale ou l’infanticide en fonction du sexe favorable aux garçons ; les mutilations génitales féminines, etc. Cet article traitera plus particulièrement des violences sexuelles et des mesures à prendre afin d’en réduire la prévalence.

1. Prévalence des violences sexuelles

1.1. Population générale
Environ 10 % de la population française est victime de violences sexuelles au cours de la vie. Au cours de l’année écoulée, environ 200 000 personnes ont été victimes de violences sexuelles (enquête Cadre de vie et sécurité 2011-2015). Dans 80 % des cas, la victime était une femme et dans trois quarts des cas, la violence était intrafamiliale. Pourtant, moins de 10 % des victimes portent plainte. Les dépôts de plainte sont le plus souvent corrélés à la gravité des lésions. Sur 35 000 plaintes déposées en 2016 auprès des services de police et de gendarmerie, 85 % l’ont été par des femmes et seulement 25 % concernaient de la violence intrafamiliale, ce qui indique une importante réticence à déposer plainte lorsque l’auteur est un membre de la famille. Finalement, moins de 3 % des agresseurs impliqués dans ces plaintes sont condamnés par la justice (environ 6 000 condamnations par an).
Certains facteurs de risque d’être exposé à des violences sexuelles ont pu être identifiés : la jeunesse, la consommation d’alcool ou de substances illicites, le fait d’avoir déjà été victime de violences sexuelles, la multiplicité des partenaires sexuels, le fait de travailler dans l’industrie du sexe, la pauvreté (pour revue Thibaut, 2015).
 
1.2. Population de patients venant consulter en psychiatrie
Parmi les patients qui viennent consulter en psychiatrie, environ 30 % d’entre eux ont été victimes de violences sexuelles intra ou extrafamiliales (Oram et coll., 2013 ; Oram et coll., 2017). Lorsque les partenaires sont du même sexe, la violence pourrait être encore plus fréquente (Badenes-Ribera et coll., 2015). Les conséquences psychologiques ou psychiatriques de ces violences incluent les troubles dépressifs (risque trois fois plus élevé que dans la population générale), les troubles anxieux (risque multiplié par quatre), l’état de stress post-traumatique (risque multiplié par sept), les addictions, les tentatives de suicide ou les automutilations, des difficultés sexuelles, une mauvaise estime de soi et une tendance importante à la somatisation (Trevillion et coll., 2012). Les enfants qui ont été témoins de violences intrafamiliales (physiques et/ou sexuelles) ont également une prévalence plus élevée de troubles mentaux à l’âge adulte et deviennent plus fréquemment agresseurs à leur tour (Stewart et coll., 2013).
Lorsque l’on interroge les patients présentant une maladie mentale sévère, le risque d’exposition à la violence est encore plus important (six fois plus élevé pour les violences sexuelles comparativement à la population générale) (Khalifeh et coll., 2015 ; Anderson et coll., 2016).
 
1.3. Violences sexuelles au sein des établissements de santé 
Des violences sexuelles ont été rapportées entre patients et entre patients et soignants, voire même, sous forme de harcèlement sexuel, entre soignants eux-mêmes. Une étude portant sur des médecins sanctionnés pour délit sexuel aux Etats-Unis conclut que le nombre de cas est passé de 42 en 1989 à 147 en 1996, et que la proportion de mesures disciplinaires faisant suite à de tels délits était passée parallèlement de 2,1 % à 4,4 % (Dehlendorf et Wolfe, 1998). Des recommandations à cet égard ont été publiées par Thomasson en 1999. Des mutilations sexuelles sont parfois pratiquées par des soignants dans certains pays. Lorsque des patients sont victimes de violences sexuelles en institution, ils n’en parlent pas toujours aux soignants et ont peur de ne pas être pris au sérieux en raison de leur maladie mentale (Trevillion et coll., 2014).
 


Joëlle Mignot
Joëlle Mignot est psychologue clinicienne spécialisée en sexologie clinique et en hypnose... En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le Jeudi 13 Décembre 2018 à 15:19 | Lu 241 fois modifié le Jeudi 13 Décembre 2018

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